Glossaire

« Utiliser le bon mot, la bonne notion, le bon concept, avec la définition la plus couramment acceptée, ou mieux avec la définition la mieux acceptée et comprise relève parfois de l’exploit, … »
                                                     
 Patrick Triplet.

> Par cette citation, je souhaite rendre un vibrant hommage au travail de Titan réalisé sur plus de dix ans par ce biologiste, docteur en écologie dont l’ouvrage Dictionnaire encyclopédique de la diversité biologique et de la conservation de la nature constitue la source de très nombreuses définitions présentes dans ce glossaire. Utiliser un langage dont les mots recouvrent des concepts clairement définis permet à chacun d’aborder et de comprendre des domaines qui ne sont pas forcément de sa compétence.

> Ce glossaire qui regroupe plus de 6 000 définitions accompagnées de leur traduction anglaise est là pour vous y aider. Il couvre les domaines complémentaires que sont la Géographie, l’Écologie et l’Économie, sans oublier de faire un petit détour par la Finance qui régit dans l’ombre une bonne part de notre existence.

> Par lui-même, de définition en définition, ce glossaire vous invite à explorer l’univers riche de la conservation des milieux naturels, d’en comprendre les mécanismes et les enjeux.

À toutes et tous, nous souhaitons : “Excellente lecture et bon voyage”.

Zone tampon

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Glossaires

Terme Définition
Zone tampon

♦ 1. Aire adjacente aux aires protégées, sur laquelle l’utilisation de la terre est partiellement restreinte afin de donner un niveau supplémentaire de protection à l’aire protégée en même temps qu’elle fournit des bénéfices aux communautés rurales avoisinantes.
   2. Zone qui protège le réseau d’influences externes potentiellement perturbatrices et qui est une zone de transition caractérisée par son utilisation de la terre compatible avec la préservation.
   3. Zone où la conservation de la biodiversité prend une importance particulière, même si la zone n’est pas protégée légalement.

> Les zones tampons écologiques servent à protéger les fonctions écologiques et l’intégrité des espaces naturels. Les autres buts sont :

  • d’atteindre un équilibre raisonnable entre les besoins des populations locales et ceux de la faune, en se fondant sur des principes écologiques et sur les meilleures informations scientifiques possibles ;
  • de reconnaître les limites naturelles des systèmes et de ne pas les dépasser et de reconnaître que les contraintes anthropiques sur les fonctions du système sont prévisibles, modifiables ou peuvent être supprimées.

Elles jouent donc un rôle de filtre pour minimiser les impacts des usages, et pour fournir des corridors pour la faune sauvage et contribuent à la diversité des habitats et des espèces. Une zone tampon est donc une zone spécifiquement définie pour fournir une mesure de protection, ou une transition entre l’urbanisation et le patrimoine naturel. Les zones tampons servent à atténuer l’impact des sédiments et des polluants sur les espaces naturels, constituent un écran contre les dérangements liés aux activités humaines, servent d’habitat à de nombreuses espèces en maintenant un micro-climat, et permettent de limiter le développement d’espèces invasives.

> Une zone tampon doit donc être :

  • un espace entre une aire naturelle et une zone susceptible d’être développée ou de subir des altérations ;
  • végétalisée en permanence, de préférence avec des espèces locales ;
  • une protection pour les éléments naturels contre les impacts de l’usage local des terrains, plutôt que de fournir elle-même les fonctions de l’élément naturel.

La fonction essentielle d’une zone tampon est d’isoler une aire protégée des impacts des usages sur les territoires proches, de telle sorte qu’elle puisse continuer à fournir une gamme comparable de biens et de services comme l’ensemble le faisait avant la nouvelle utilisation. Une autre fonction est de fournir des opportunités pour améliorer ou restaurer le coeur de nature en permettant de le protéger des agressions extérieures.

> Une zone tampon a également pour objectif d’optimiser la valeur politique, économique, sociale, culturelle, écologique et intrinsèque des ressources par une gestion adaptative active, avec la participation de toutes les parties prenantes, et permettant le changement dans le temps. Les zones tampons nécessitent un processus flexible de constitution d’un partenariat, un processus de recherche de valeur maximale pour les denrées communes et le respect des minorités. Au sein des zones tampons, il peut y avoir des restrictions légales ou coutumières sur l’utilisation des ressources ou une gestion peut être appliquée pour réduire les impacts négatifs des restrictions sur les communautés voisines. Une zone tampon peut également être une catégorie d’aires protégées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) (catégorie V ou VI).

> Les zones tampons représentent une partie importante de la stratégie de conservation dans de nombreux sites, en particulier des sites du patrimoine mondial, des réserves de biosphère ou des catégories d’aires protégées de l’UICN. L’établissement d’une zone tampon a généralement pour but de diminuer les impacts externes et de favoriser l’intégration d’une aire protégée dans son milieu. Étant donné que l’utilisation du territoire varie d’une aire protégée à l’autre, les paramètres de la zone tampon varient également : taille minimale, activités permises, etc. Par exemple, certaines catégories d'aires protégées permettent la chasse, parfois avec une réglementation plus stricte, alors que d’autres l’interdisent complètement. La chasse, longtemps vue comme incompatible avec les objectifs de conservation, peut parfois représenter un outil de gestion intéressant dans la zone tampon, profitant de l’effet de déversement, en plus de favoriser l'acceptabilité sociale. Dans d’autres cas, comme dans certains pays en voie de développement, le braconnage en périphérie est une réelle menace pour la faune qu’on tente de conserver grâce à une aire protégée.
Par contre, il ne semble pas y a de définition consensuelle de la zone tampon ni des modalités quant aux usages qui devraient y être permis ou interdits et quant à la gestion de cette zone. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) suggère le recours à des zones tampons dans ses directives. Les réserves de biosphère de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) doivent, quant à elles, systématiquement comprendre trois zones distinctes : centrale, tampon et de transition (UNESCO, 1996). Dans certains pays, comme l’Algérie ou le Ghana, la législation prévoit systématiquement une zone tampon à la périphérie d’une aire protégée, où certaines activités sont limitées. Ce n’est pas le cas au Québec, où aucune modalité de ce type ne figure dans les lois et règlements.
Le terme de tampon est souvent confondu avec d’autres termes utilisés pour décrire les terrains en dehors des aires protégées : zone intermédiaire, terres adjacentes, zone fonctionnelle périphérique.

♦ Équivalent étranger : Buffer area.