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« Utiliser le bon mot, la bonne notion, le bon concept, avec la définition la plus couramment acceptée, ou mieux avec la définition la mieux acceptée et comprise relève parfois de l’exploit, … »
                                                     
 Patrick Triplet.

> Par cette citation, je souhaite rendre un vibrant hommage au travail de Titan réalisé sur plus de dix ans par ce biologiste, docteur en écologie dont l’ouvrage Dictionnaire encyclopédique de la diversité biologique et de la conservation de la nature constitue la source de très nombreuses définitions présentes dans ce glossaire. Utiliser un langage dont les mots recouvrent des concepts clairement définis permet à chacun d’aborder et de comprendre des domaines qui ne sont pas forcément de sa compétence.

> Ce glossaire qui regroupe plus de 6 000 définitions accompagnées de leur traduction anglaise est là pour vous y aider. Il couvre les domaines complémentaires que sont la Géographie, l’Écologie et l’Économie, sans oublier de faire un petit détour par la Finance qui régit dans l’ombre une bonne part de notre existence.

> Par lui-même, de définition en définition, ce glossaire vous invite à explorer l’univers riche de la conservation des milieux naturels, d’en comprendre les mécanismes et les enjeux.

À toutes et tous, nous souhaitons : “Excellente lecture et bon voyage”.

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Terme Définition
Biodégradabilité

Capacité d'une molécule à être dégradée biologiquement c'est-à-dire par l'action d'organismes biologiques. La détermination du taux de biodégradabilité nécessite des mesures en laboratoire ou en milieu naturel selon trois catégories de test :
  •  Test de Sturm : test de laboratoire en milieu liquide, conditions bien maîtrisées ;
  •  Test de simulation en laboratoire, en milieu liquide ou solide, conditions moins bien maîtrisées ;
  •  Test in situ sur sol et compost, conditions non maîtrisées.
♦ Équivalent étranger : Biodegradability.

Biodégradable

♦ Un produit est dit biodégradable si après usage, il peut être décomposé (digéré) naturellement par des organismes vivants. La biodégradabilité est un des paramètres les plus importants pour caractériser l'impact environnemental d'un produit organique. Elle dépend, d'une part, de la faculté à être dégradé et, d'autre part, de la vitesse de digestion du produit dans le milieu biologique. Par exemple, une feuille morte est biodégradable à 100 % en quelques semaines alors qu'une bouteille plastique nécessite environ 4 000 ans. La liste non exhaustive ci-dessous indique quelques temps de dégradation et fait comprendre la nécessité du retraitement des déchets :
  •  Sac en amidon de maïs : 2 semaines à 2 mois
  •  Pelures d'orange ou trognon de pomme : 1 mois
  •  Morceaux de coton : 1 à 5 mois
  •  Papier : 2 à 5 mois
  •  Mouchoirs en papier : 3 mois
  •  Journal : 3 à 12 mois
  •  Fruits et légumes : 3 mois à 2 ans
  •  Allumette : 6 mois
  •  Chaussette en laine : 1 à 5 ans
  •  Mégot de cigarette (avec filtre) : 1 à 2 ans
  •  Brique de lait (plastique+carton) : 5 ans
  •  Chewing-gum : 5 ans
  •  Papier de bonbon : 5 ans
  •  Chaussures en cuir : 25 à 40 ans
  •  Tissu en nylon : 30 à 40 ans
  •  Boîte de conserve : 50 à 100 ans
  •  Briquet en plastique : 100 ans
  •  Textiles : 100 à 500 ans
  •  Canette en aluminium : 200 ans
  •  Sac plastique : 450 ans
  •  Bouteilles en plastique : 400 ans
  •  Couches jetables : 500 ans
  •  Carte téléphonique : 1 000 ans
  •  Polystyrène : 1 000 ans
  •  Bouteilles verre : 4 000 ans
  •  Pile électrique : 7 869 ans
  •  Pneus : non biodégradables
  •  Résidus domestiques dangereux : non biodégradables

La biodégradabilité est devenue un instrument de vente de produits, notamment de lessives, mais les firmes indiquent rarement que la biodégradation implique une forte consommation d'oxygène qui peut être pris, dans les milieux aquatiques, au détriment de la faune.
♦ Équivalent étranger : Biodegradable.

Biodégradation

♦ Désigne le processus de dégradation moléculaire de substances organiques par l’action de micro-organismes aérobies ou anaérobies. Ce mécanisme peut être appliqué pour la dégradation de polluants. Sous l’action des décomposeurs, le carbone organique est oxydé en dioxyde de carbone, les composés azotés organiques (protéines, amines, urée) sont transformés en ammoniac puis oxydés en nitrites, puis en nitrates. À l’aval immédiat d’un rejet se développent des bactéries aérobies. La consommation d’oxygène est élevée et sa concentration diminue. Les invertébrés de cette zone polysaprobe sont des détritivores peu exigeants en oxygène (oligochètes, tubificidés, éristales, chironomes…).
♦ Équivalent étranger : Biodegradation.

Biodétritique

♦ Définit un matériau constitué principalement de fragments organiques accumulés sur place ou transportés.
♦ Équivalent étranger : Biodetritic.

Biodisponibilité

♦ Fait référence à la façon dont un produit chimique est disponible dans un biotope. Elle définit la relation entre la concentration de ce produit chimique dans l’environnement terrestre et le niveau de concentration qui provoque un effet positif ou négatif sur un organisme. La biodisponibilité est dépendante des espèces car la dose agissant sur un organisme varie en fonction des capacités d’assimilation de la substance par l’espèce représentée. La quantité de substances chimiques qui est biodisponible dépend d’une variété de facteurs incluant à la fois le produit chimique en lui-même et les conditions environnementales. Les sols jouent un rôle important en réduisant la biodisponibilité potentielle des contaminants dans l’environnement. S’y ajoute le temps de contact qui réduit la concentration de produits chimiques disponibles pour les organismes ou qui contribuent à les intoxiquer.
♦ Équivalent étranger : Bioavailability.

Biodiversification

♦ Accroissement de la diversité biologique et ensemble des processus permettant d’aboutir à ce résultat.
♦ Équivalent étranger : Biodiversification.

Biodiversité

Diversité totale de tous les organismes et écosystèmes présents à diverses échelles spatiales (depuis les gènes jusqu'aux biomes entiers).
Le terme de biodiversité a été lancé au cours des années 1980. Contraction de biologique et de diversité, il représente la diversité des êtres vivants et des écosystèmes : la faune, la flore, les bactéries, les milieux mais aussi les races, les gènes et les variétés domestiques.
Le terme vise à caractériser l'érosion du monde vivant résultant des activités humaines, ainsi que les activités de protection et de conservation, qu'elles se manifestent par la création d'aires protégées ou par des modifications des comportements en matière de développement (concept de développement durable). On utilise assez indistinctement le terme de diversité biologique et de biodiversité.
Robert Barbault a défini la biodiversité comme « le tissu vivant de la planète » afin de mettre en évidence que l'intérêt de la diversité vient du réseau des interactions.

L’article 2 de la CDB définit la biodiversité de la façon suivante :
« La variabilité parmi les organismes vivants de toutes les origines et comprenant, entre autres, les écosystèmes terrestres et marins, ainsi que les autres écosystèmes aquatiques, et les complexes écologiques desquels ils font partie ; cela inclut la diversité parmi et entre les espèces, ainsi que celle des écosystèmes. »

Face aux menaces que constituent les activités de l'espèce humaine sur les autres formes de vie, la préservation de la biodiversité constitue aujourd'hui un enjeu majeur. C'est pourquoi, après les Conférences de Stockholm (1972) et de Rio de Janeiro (1992), ont été définis des objectifs de protection des milieux naturels et des espèces qu'ils abritent tout en prenant en compte l'intérêt des populations locales. Pour cela, il est nécessaire de respecter les trois objectifs de la stratégie mondiale de la conservation :
  •  Maintien des processus écologiques essentiels
  •  Préservation de la diversité génétique
  •  Utilisation durable des espèces et des écosystèmes.

Les causes à l'origine de la perte de la biodiversité sont nombreuses mais peuvent être ramenées à trois principales :
> Les causes naturelles dominées par la sécheresse (cause renforcée par les activités humaines) et ses corollaires ainsi que par l'érosion éolienne et hydrique ;
> Les causes anthropiques plus nombreuses et plus variées. Elles intègrent les éléments suivants :
  •  Les défrichements excessifs et incontrôlés pour les terres de culture ;
  •  L'exploitation forestière excessive et incontrôlée ;
  •  Le braconnage ;
  •  La surexploitation et la mauvaise exploitation des ressources halieutiques.
> Les causes liées au cadre juridique et institutionnel dues à plusieurs facteurs isolés ou associés, tels que :
  •  Une réglementation inexistante ou inadaptée ;
  •  Une réglementation non appliquée ou mal appliquée ;
  •  Une réglementation incohérente à cause de la multiplicité de textes parfois contradictoires.
Il est tellement difficile de persuader la collectivité de sauvegarder la biodiversité pour ce qu'elle est que certains spécialistes n'ont pas hésité à rechercher un autre type d'argumentation, fondé sur son importance économique. En effet, la biodiversité a, en elle-même, une valeur économique certaine, en fonction des valeurs d'usage qui s'appliquent à l'utilisation et à la commercialisation.

Typologie des valeurs de la biodiversité proposée par les économistes

  •  Valeur de consommation directe (appelée également valeur intrinsèque) qui correspond à :
      La consommation des ressources sans transformation : chasse, pêche, cueillette
  •  Valeur productive correspondant à :
      L'utilisation des ressources génétiques dans des cycles productifs (obtention variétale, exploitation forestière, pêche, médicaments à base de plantes médicinales.
  •  Valeur récréative correspondant à :
      L'exploitation sans consommation (écotourisme, activités récréatives)
  •  Valeur écologique, liée à :
      L'interdépendance entre organismes et au bon fonctionnement des systèmes naturels.
  •  Valeur d'option, liée à :
      L'exploitation future des ressources génétiques.
  •  Valeur d'existence, liée à :
      La satisfaction et au bien-être que procure l'existence de la biodiversité.
      La biodiversité doit être conservée comme source d'émerveillement bénéfique à l'Homme, pour les valeurs esthétiques, spirituelles ou culturelles qu'elle apporte, ou comme patrimoine à transmettre aux générations futures, toute perte étant considérée comme irréversible.

De nombreuses méthodes ont été imaginées pour permettre de quantifier les valeurs de la biodiversité. Les méthodes les plus souvent employées, leurs contraintes et leurs limites sont présentées ci-après.

Méthodes d’évaluation des biens et services procurés par la biodiversité

> Méthode du prix du marché
   Elle s'applique aux Valeurs d'utilisation directe
   La valeur est estimée à partir du prix du marché commercial (Loi de l'offre et de la demande).
   Limites : Les imperfections du marché (subventions, manque de transparence) et la politique entraînent des distorsions sur le prix du marché.

> Méthode du coût des dommages évités, du coût de remplacement ou du coût de substitution
   Elle s'applique aux Valeurs d'utilisation indirecte :
   •  protection du littoral,
   •  prévention contre l'érosion,
   •  contrôle de la pollution,
   •  rétention de l'eau
   La valeur de suppression d'un polluant, notamment organique, peut être estimée sur la base du coût de la construction et de l'exploitation d'une station d'épuration de l'eau (coût de substitution).
   La valeur du contrôle des inondations peut être évaluée à l'aune des dommages causés par une inondation (coût des dommages évités).
   Limites : On suppose que les coûts des dommages évités ou des solutions de substitution correspondent au produit original.
   De nombreux facteurs extérieurs peuvent toutefois changer la valeur du produit attendu initialement et la méthode peut donc conduire à des sous-estimations ou à des surestimations.
   Les compagnies d'assurance sont très intéressées par cette méthode.

> Méthode des frais de voyage
  
Elle s'applique aux Loisirs et tourisme.
   La valeur récréative d'un site est estimée en fonction des sommes que les individus sont disposés à payer pour y accéder.
   Limites : Cette méthode ne donne qu'une estimation. Les surestimations sont fréquentes car le site peut ne pas être la seule raison de voyager dans la région.
   Cette méthode exige également beaucoup de données quantitatives.

> Méthode de tarification hédoniste
   Elle s'applique à certains aspects des Valeurs d'utilisation indirecte, d'utilisation future et de non-utilisation.
   Cette méthode est utilisée quand les valeurs des sites influencent le prix des biens commercialisés.
   L'air pur, une grande étendue d'eau ou des beaux panoramas augmentent le prix des maisons ou des terrains.
   Limites : Cette méthode enregistre uniquement le consentement des individus à payer en contrepartie des avantages perçus.
   Si les individus ne sont pas conscients de la relation entre l'attribut environnemental et les avantages qu'ils en tirent, la valeur ne sera pas reflétée par le prix. Cette méthode exige de très nombreuses données.

> Méthode de la valorisation contingente
   Elle s'applique au Tourisme et aux Valeurs de non-utilisation.
   Cette méthode demande directement aux individus combien ils consentiraient à payer certains services environnementaux.
   Elle est souvent la seule manière d'estimer les valeurs de non-utilisation.
   Cette méthode est aussi appelée « Méthode de la préférence déclarée ».
   Limites : Les techniques de sondage comportent de nombreux biais possibles.
   Le fait de savoir si les gens paieraient réellement les montants déclarés dans les entretiens prête également à controverse.
   Cette méthode est la plus discutée des méthodes de valorisation non fondées sur le marché.
   Elle constitue l'un des seuls moyens d'attribuer des valeurs monétaires aux Valeurs de non-utilisation des écosystèmes qui n'impliquent pas des achats sur le marché.

> Méthode du choix contingent
   Elle s'applique à Tous les biens et services des milieux naturels.
   Cette méthode estime les valeurs en demandant aux individus d'arbitrer entre des ensembles de services environnementaux et des écosystèmes.
   Cette méthode est excellente pour aider les décideurs à classer les options stratégiques.
   Limites : Cette méthode n'exige pas directement un consentement à payer dans la mesure où la question est masquée dans des demandes d'arbitrage incluant la notion du coût.

> Méthode du transfert des produits
   Elle s'applique aux Services d'écosystèmes en général et aux Utilisations récréatives en particulier.
   Cette méthode évalue les valeurs économiques en transférant les estimations de produits issues d'études déjà réalisées sur un autre site ou dans un contexte donné.
   Limites : Cette méthode est souvent utilisée quand il est trop coûteux d'effectuer une nouvelle évaluation économique complète pour un site donné.
   Elle ne peut au mieux qu'être aussi précise que l'étude initiale.
   L'extrapolation n'est possible que pour des sites qui possèdent les mêmes caractéristiques générales.

> Méthode de la productivité
   Elle s'applique aux Biens et services propres : eau, sols, humidité de l'air...
   Cette méthode estime la valeur économique des produits ou services qui contribuent à la production de biens commercialisés.
   Limites : Si la méthodologie est simple et les besoins en données sont limités, elle ne fonctionne cependant que pour certains biens ou services.

L'utilisation de ces méthodes de quantification de la valeur des biens et services d'un site particulier peut être très compliquée et exige souvent beaucoup de temps et de ressources. Cependant, cette complexité fait aussi largement appel au bon sens.

Étudier la biodiversité
L'étude de la biodiversité peut porter sur :
   •  Le rythme d'extinction ou d'apparition des espèces
   •  L'influence des activités humaines sur la diversité spécifique
   •  La distribution des espèces en fonction de leur taxon
   •  La distribution géographique des espèces.

Facteurs accroissant la biodiversité
   •  Mutations
   •  Spéciation
   •  Isolement géographique
   •  Compétition
   •  Polyploïdisation
   •  Immigration
   •  Succession écologique
   •  Temps
   •  Stabilité environnementale

Facteurs diminuant la biodiversité
   •  Extinction
   •  Compétition féroce
   •  Perturbations
   •  Goulot d’étranglement génétique

Éléments complémentaires
La biodiversité :
   •  Augmente des pôles vers l’équateur
   •  Diminue lorsque l’altitude augmente
   •  Augmente avec la complexité structurale
   •  Augmente avec le temps d’évolution
   •  Plus élevée avec des dérangements modérés
   •  Plus faible sur les îles

  Équivalent étranger : Biodiversity.

Biodiversité négative

♦ Diversité biologique concernant des espèces qui sont considérées comme néfastes pour l’Homme.
♦ Équivalent étranger : Negative biodiversity.

Biodiversité positive

♦ Diversité biologique concernant des espèces qui ne sont pas considérées comme néfastes pour l’Homme.
♦ Équivalent étranger : Positive biodiversity.

Biodiversité urbaine

Communautés d'espèces animales et végétales qui se développent dans les villes et qui possèdent des fonctions d'amélioration de l'habitat, d'atténuation du bruit, de filtration de la pollution... Plus qu'ailleurs, les espèces introduites jouent ici un rôle prépondérant et sont généralement dominantes par rapport aux espèces indigènes. On trouve cette biodiversité autant dans les parcelles d'espaces non bâtis que sur les zones bâties (grey space).
♦ Équivalent étranger : Urban biodiversity.

Biodiversité-fonctions de l’écosystème

♦ Il s'agit d'une hypothèse qui établit que différentes espèces se comportent de manière optimale sous différentes conditions, à différentes périodes.
Comme la plupart des environnements fluctuent au cours du temps, ceux avec le plus d'espèces sont susceptibles de montrer des fonctions supérieures (production, minéralisation) intégrées au cours du temps. Les buts principaux de la recherche du principe biodiversité-fonctions de l'écosystème sont de déterminer comment les fonctionnements de la biodiversité et de l'écosystème sont liés et de comprendre les mécanismes qui étayent la relation.
♦ Équivalent étranger : Biodiversity and ecosystem functions.

Biodynamique

♦ Étude des processus biologiques caractérisant les interactions entre les êtres vivants.
♦ Équivalent étranger : Biodynamic.

Bioécologie

♦ Voir: Écologie.
♦ Équivalent étranger : Bioecology.

Bioénergétique

♦ Étude du métabolisme des êtres vivants et des transferts d'énergie aux différents niveaux, moléculaire, cellulaire, individuel.
♦ Équivalent étranger : Bioenergetic.

Bioérosion

♦ Érosion de la matière construite par le monde vivant, telle que les récifs coralliens et les coquillages, qui résulte de l'action directe d'organismes vivants comme les éponges foreuses, les champignons, les vers, les mollusques et les oursins.
♦ Équivalent étranger : Bioerosion.