Belgian Congo, a painful colonial history

Chapter 1 - How Leopold II, King of the Belgians took control of the Congo Basin

À la fin du XIXème siècle, le centre du continent africain demeure une contrée inexplorée et convoitée par les européens qui se sont établis le long de ses côtes depuis plusieurs siècles déjà. Maintenant, il est  l'heure de partir à l'assaut de ce nouvel Eldorado. Mais quels ont été les protagonistes de cette conquête et comment s'est-elle déroulée ?

Chapitre 1
 

Comment Léopold II, roi des Belges fait main basse sur le bassin du Congo

L'exploration du bassin du Congo par les européens

  • En raison de difficultés multiples et  insurmontables à l'époque de remonter le cours du fleuve Congo, l'exploration du bassin de ce fleuve par les européens n'est pas possible avant 1867. C'est par la côte orientale de l'Afrique et non par l'embouchure du fleuve que les premières expéditions fructueuses vont être menées.
     
  •  Entre 1874 et 1876, le bush, au centre du continent africain, est encore pour les Européens une terre mystérieuse dans laquelle seuls des aventuriers se rendent.

À cette époque, la zone du bassin congolais est déjà le lieu de différents partages et rapports de force, internes au vaste réseau des tribus et des royaumes du continent africain. Certains envahisseurs venant du Soudan comme Rabah Fadlallah, ou de Zanzibar comme Tippu Tip, un négrier swahili, se sont installés dans la région, l’ont administrée et organisée. Ainsi certains de ces chefs, à la tête de royaumes parfois plus grands que certains pays d’Europe, des hommes très charismatiques et concernés comme ailleurs par les questions commerciales, se retrouvent souvent en concurrence.

Possessions européennes d'Afrique en 1870, avant le traité de Berlin
  • Mandaté par New York Herald, le journaliste américain d'origine britannique Henry Morton Stanley, et assisté dans ses recherches par Tipu Tipp, part de Zanzibar à la recherche du célèbre explorateur David Livingstone dans d’inextricables zones de forêts, de marais et de savane, arrosées par un fleuve Congo labyrinthique. Livingstone, espérant trouver les sources du Nil, n'a plus donné signe de vie depuis plusieurs années, parcourant les alentours d'une grande rivière continentale navigable, la Lualaba qui s'avère en fait être le Congo supérieur. 

Henry Morton Stanley - Expéditions dans le Bassin du Congo

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Henry Morton Stanley - Portrait
  • Aventurier au fort sens pragmatique, Stanley réussi à retrouver Livingstone après 236 jours dans un pays totalement inexploré. Il devient le premier Européen à traverser l'Afrique centrale, mais au prix de la vie à 244 hommes sur les 360 que comptait l'expédition.
     
  • Stanley est également un homme peu scrupuleux, agressif avec les autochtones – les Africains le surnomment Boula Matari « le casseur de pierres » - , et manipulateur. Il sait très bien s'arranger avec le marchand d'esclave Tippu Tip qui lui a fait découvrir « l'immense système de navigation du bassin du Congo et […] les ressources potentielles de la région » en échange d'un accord commercial basé sur l'exploitation de l'ivoire et des populations locales.

Le début de colonisation par les européens

  • Bien avant son accession au trône en 1865, le roi Léopold II considérait déjà qu'en plein XIXème siècle, la Belgique, alors petit état neutre au milieu de l'Europe, manquait d'envergure et qu'il lui « [fallait] une colonie ». Ces régions du cœur de l'Afrique intéressent le roi car elles promettent de grandes richesses ; de plus, elles semblent n'« appartenir » encore à personne.
     
  • La colonisation du Congo s'opéra durant la période comprise entre la première exploration du Congo-Kinshasa par Stanley (1867) jusqu'à l'annexion du pays par la prise de possession par le roi Léopold II de Belgique (1885).
      
  • A cette époque, le peuple Téké a pour roi le Makoko de Mbé, Illoy Ier. Celui-ci règne sur une territoire englobant le centre de ce qui est actuellement la République du Congo, une partie du Gabon et une partie de la République Démocratique du Congo. Ne pouvant par superstition s'approcher de l'eau du fleuve, il désigne l'un de ses nombreux frères, Ngaliema Insi aussi appelé Mukokopour administrer en son nom la province aujourd'hui dénommée Kinshasa.

En 1877, Stanley qui descend le fleuve Congo rencontre Ngaliema au village de Kintambo. Celui-ci se fait promettre la possibilité de revenir s'installer sur le site. Francis Pocock fait un « pacte de sang », signant ainsi le traité.

Léopold II, roi de Belgique

Léopold II, roi de Belgique

De l'AIA à l'AIC, Léopold II à la manœuvre

  • En 1876, les Belges sont très habités d'un anticolonialisme actif « qui puisait sa force dans l'attachement profond du plus grand nombre à la neutralité de la Belgique ». L'État belge d'alors s'intéresse donc très peu à la question coloniale.
     
  • Léopold décide de s'engager à titre privé dans l'entreprise. Il organise une conférence géographique internationale, dans son palais, autour de la question de la colonisation du bassin du Congo. Évidemment, c'est le discours humaniste qui prédomine. Pour le souverain fin démagogue, il s'agit « d'ouvrir à la civilisation la seule partie du globe où elle n'ait point encore pénétré, percer les ténèbres qui enveloppent des populations entières ».
     
  • La conférence organisée par Léopold aboutit à la fondation de l'Association internationale africaine (AIA) dont le comité central est aussi dirigé par Léopold. Plus tard, en moins de trois ans, il créera encore deux autres regroupements associatifs. L'AIA sera à l'origine de la création du Comité d'études pour le Haut-Congo en 1878, qui en 1879 donnera lui-même naissance à l'Association internationale du Congo (AIC).
     
  • Cette longue suite de fondations d'associations permet à Léopold, toujours sous couvert de vouloir porter les valeurs humanistes au centre de l'Afrique, de trier les gens qui l'entourent, de garder la maîtrise sur les concepts et de, petit à petit, faire passer au premier plan les questions économiques, tout en recalant au second plan les questions philanthropiques.
  • L'AIC regroupe ainsi les principaux intéressés à la colonisation du Congo : des scientifiques et des hommes d'affaires représentant les intérêts financiers de compagnies britanniques et hollandaises, ainsi que des proches du roi, dont les contacts se dispersent dans toute l'Europe. C'est au nom de l'AIC que Léopold envoie progressivement des expéditions dans les zones les plus reculées du bassin congolais, de sorte que ces régions dénuées de voies de communication praticables soient maîtrisées et, surtout, deviennent exploitables pour le commerce.
Le Congo devat l'Europe - Emile WEYL (1884)
  • Le 1er décembre 1881, mandaté par Léopold II et incité par une forte somme d'argent, Stanley arrive sur le site où il fondera plus tard le poste de Léopoldville (aujourd'hui Kintambo) sur les rives de la baie qui porte aujourd'hui son nom.
     
    Le 24 décembre 1881, passant outre le traité déjà signé pour le compte de la France entre Pierre Savorgnan de Brazza et Illoy Ier, il signe de son sang le « traité de l'amitié » avec Ngaliema, se voyant octroyé un droit d'établissement, comme droit de propriété.
    Stanley devra passer un autre accord avec Illoy Ier, quelques années plus tard.
     
  • En 1884, l'Association internationale du Congo (AIC) est une flottille de cinq steamers (navires à vapeur), un réseau de quarante stations couvrant plus de la moitié du Congo actuel, et cinq cents traités de suzeraineté passés avec les autochtones. Le bassin du Congo est désormais navigable et exploitable. Différentes compagnies commencent à s'intéresser au territoire exploré par les adjoints de Léopold. Les nations coloniales se tournent également vers cette région nouvelle, riche de promesses exportatrices et de bricolages divers. Léopold est prêt pour parlementer son partage, ce qui a lieu dès novembre 1884, lors de la très longue Conférence de Berlin(celle-ci va durer quatre mois, jusqu'en février 1885).

La Conférence de Berlin

  • Cette conférence vise à régler trois litiges principaux concernent presque exclusivement le Congo.
    Les questions sont : la liberté de commerce dans le bassin du Congo, la liberté de navigation sur les fleuves du Congo et du Niger, les formalités à remplir pour rendre effective l'occupation de cette zone dans la course à sa colonisation.
     
  • Jouant des rivalités entre les grandes puissances (Royaume Uni, Allemagne, France), Léopold II parvient à l'issue de la Conférence, à se faire attribuer le bassin du Congo à titre personnel. Seule contrainte pour lui, maintenir la liberté de navigation et de commerce dans le bassin du Congo, pour les autres puissances européennes. C'est par lui que devront passer les compagnies étrangères pour obtenir des concessions.
     
  • Le 27 février 1885, le quotidien L'indépendance belge, publie ces lignes :

« La Conférence du Congo, ouverte à Berlin le 15 novembre dernier, a été close hier après avoir terminé ses travaux et complètement réussi dans la tâche qu'elle s'était proposée : d'abord la liberté du commerce dans le bassin et aux bouches du Congo, puis la liberté de navigation sur le grand fleuve africain et ses affluents »

Conférence de Berlin (novembre 1884 - février 1885)

et le 2 mars suivant, on peut lire :
 

« C'est sur cet immense et distant territoire qu'ont opéré les représentants de l'Europe. En moins de trois mois, ils l'ont doté d'une constitution commerciale et, jusqu'à un certain point, politique. Ils ont pourvu à son avenir, ils y ont décrété la civilisation, ils lui ont donné tout ce qu'il faut pour devenir avec le temps une autre Amérique - une Amérique noire.
Les indigènes, livrés jusqu'ici à toutes les entreprises des trafiquants d'esclaves, sont assurés pour l'avenir de leur habeas corpus. Leurs protecteurs européens sont là, engagés d'honneur et décidés à tenir à distance les bêtes de proie humaines. Plus de servitude à craindre. Au contraire, la liberté morale elle-même garantie à ces malheureux. La faculté d'exercer leur naïve religion comme ils l'entendent, et avec cela la faculté, l'occasion de s'instruire, de s'enrichir, de s'élever au niveau des peuples les plus éclairés de l'univers. »